« La Ballue » de Jean-Marc Nicolas

En partenariat avec le Château de la Ballue, Superflux invite l’artiste Jean-Marc Nicolas pour son exposition « La Ballue ».

‘La Ballue’ 2024, 8 dessins, 50 x 50 cm, crayon de couleur sur papier.

Dessins d’inspiration maniériste d’un jardin d’inspiration maniériste.

Mouvement artistique né en Italie au début du 16e siècle, le maniérisme joue avec une virtuo-sité inégalée de la forme, de la ligne et de la figure humaine. Il se caractérise par la recherche spatiale, la complexité de la composition, une déformation de la réalité, des figures imbriquées, le fondu des formes et un intérêt pour les décors antiques. (…) S’y ajoute la perfection du détail, révélant l’observation directe de la nature, dissimulée par l’artifice de l’ensemble. Ces recherches exaspérées expliquent le culte du dessin et la diversité des techniques. (Site de la BnF)

Chaque dessin est un point de vue décalé sur une chambre de verdure ou un jardin du parc. Le format carré, non dynamique, favorise le mouvement intérieur, le foisonnement de chaque scène.

Le cadrage resserré concentre les éléments en présence et renforce la densité ressentie.
Il n’y a pas de hiérarchie dans le dessin, il est traité uniformément dans le but d’oter toute
illusion de profondeur et de favoriser la matérialité du sujet. Nous sommes dans l’espace du dessin, non dans celui du jardin.
Chaque vue met en lumière le rapport étroit entre les végétaux sculptés et ceux à port libre, à l’instar de figures humaines dans un paysage, mais des figures étranges dans un
paysage rêvé.

La couleur est extraite du vert ambiant, comme une essence révélée par le dessin seul.
Un doute plane quant à la réalité du sujet traité.
Le crayon offre une légèreté, une vibration, une sensibilité proche de la matière végétale.
Par cette technique laborieuse, le geste et le temps du dessinateur rejoignent ceux du jardinier.

‘Omphalos’ 2024, 4 dessins, 58 x 42 cm, carré Conté et crayon sur papier.

Projet fictif d’une sculpture pour le parc.
Dans la mythologie grecque, l’omphalos (gr. : ombilique) était une pierre sacrée. La légende raconte que Zeus aurait lâché deux aigles depuis les extrémités orientale et occidentale du monde, et que le dieu aurait laissé tomber l’omphalos, sorte de cône entouré de bandelettes, au point où se seraient rencontrés les rapaces, marquant ainsi le centre, le « nombril du monde ».

La sculpture sous toutes ses formes -statue, fontaine, fausse grotte, ornements est une composante essentielle des jardins maniéristes. L’évocation des antiques également.

J’ai imaginé pour La Ballue (peut-être le souffle du paysage m’a t-il fait pensé à celui de Delphes…) une sculpture discutant avec les arbustes taillés du parc.
Un objet mystérieux, tombé du ciel, pointant là le centre du monde.
Ou sortant des entrailles de la terre, lave rouge pétrifiée à la vue du vert exclusif.
Architecture mégalithique marquant pour toujours un site sacré.
Une simple construction énigmatique, topiaire-taupinière qu’aurait pu rencontrée Alice.

Jean-Marc Nicolas